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Posts Tagged ‘temps qui passe’

Je me suis réveillé un matin et sans que je comprenne comment, j’avais pris 40cm, et 40 kilos. Mon pyjama à carreaux était déchiré, tout était devenu trop petit, ma maison ne tenait plus que dans 25m2. J’ai eu l’impression que mon corps était trop grand pour moi, comme si j’avais pris place à bord d’un Gundam que j’avais du mal à contrôler. Pourtant j’ai l’impression que rien n’a changé: mes étagères débordent toujours de jouets, et mes placards vomissent des dizaines de paires de baskets datant des années 90. Je suis encore heureux lorsque j’achète un jeu vidéo neuf, j’entretiens coûte que coûte l’inspiration brute et la plupart de mes soirées se passent avec une pizza et un écran de télé, qu’importe ce qu’il affiche. Le samedi après midi est synonyme d’allées et venues sans but dans les grands magasins, d’heures à rêver qu’on peut tout acheter, de ricanements stupides quand l’un de nous se fait aborder par une fille. Il paraît que les grands appellent ça le célibat, moi j’appelle ça la vraie vie, celle qui glisse sur toi comme une goutte de pluie tiède. D’ailleurs j’ai toujours du mal à parler ouvertement de mes sentiments avec une fille, mais ça je crois que ça viendra quand je serais vieux. Pour l’instant, j’ai la naïveté d’encore croire aux relations franches et sincères, et aux problèmes qui se règlent une bonne fois pour toutes par une bagarre derrière un arbre, à la sortie. Je suis encore loin de la sournoiserie et de la méchanceté gratuite que les adultes adorent tant, je préfère me dire que la vie, c’est aussi facile que les films, quoi qu’il arrive le gentil gagne à la fin. Une fin qui semble arriver plus vite que je ne le voudrais, au point que je ne me souviens même plus à quel moment j’ai donné ma pièce à Zoltar.

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Je sais qu’à force je devrais avoir l’habitude et que je ne devrais m’en prendre qu’à moi-même, mais je n’y arrive pas. Encore une fois, j’ai été celui qui lance des vannes et reste en retrait, celui qui répond de manière gênée et évasive, ni oui ni non, bien au contraire. Va savoir pourquoi, je fais partie de ces gens qui n’arrivent pas à dire clairement ce qu’ils pensent, au moment précis où il faudrait le dire. Un peu comme tout le monde en fait, je crois. Je ne t’ai pas vu depuis des années, et tout ce que je trouve à te dire c’est qu’ils ont mal joué ce weekend et que le championnat va être serré cette saison. Super. Ne le prends pas pour toi surtout, j’ai la qualité d’être constant dans mes défauts et de traiter tout le monde de la même manière, de chuchoter à mes proches que je les aime seulement dans le noir à l’abri sous ma couverture, de ne trouver l’inspiration et le courage que lorsque je suis seul, de ne m’ouvrir qu’une fois la porte fermée.

Dans le meilleur des cas, au bout d’une heure on se rappellera des bouteilles de bière qu’on empilait en soirée en croyant que ça faisait de nous des hommes, de la petite voisine timide que j’avouerai avoir embrassée un soir d’été, des journées à tuer des canards électroniques avec un pistolet orange, enfin, plutôt des 2 heures qu’on nous accordait le mercredi après midi. On se souviendra de ces histoires qui nous faisaient honte mais qu’on raconte fièrement aujourd’hui, du temps où 5 francs faisaient de nous les princes de la ville, de notre record du monde de saut en VTT, 2m10, établi sur le terrain vague d’à côté. Et j’aurai beau te féliciter pour le ventre arrondi de ta femme, avoir un pincement au cœur en chatouillant son grand frère qui est une véritable version miniature de toi, j’aurai beau te considérer comme un cousin, comme un frère, nous serons quand même des étrangers.

Nous enchaînerons les banalités, je ferai semblant de comprendre pourquoi tu préfères gâcher ton talent et te briser le dos pour une centaine d’euros supplémentaires censés nourrir ta famille mais dans le fond, je me dirai qu’il ne nourrissent que ta peur de réussir. Je ne saurai pas ce que tu penses vraiment de moi, tout comme tu ne sauras pas ce que je cache au fond de mon esprit. On n’essaiera pas de rattraper le temps perdu en se racontant les années passées entre deux tapes sur l’épaule, parce qu’il y a trop à dire. On continuera nos vies, on se reverra au prochain anniversaire marquant, on trouvera encore qu’on a pas changé même si le temps passe trop vite, et je deviendrai celui qu’on détestait, celui qui rabâche sans cesse à ton fils qu’il l’a vu naître, qu’il est désormais un grand garçon et qu’il faut bien travailler à l’école, avec un air triste dans les yeux. Ca doit être ça, vieillir.

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