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Posts Tagged ‘inception’

A chaque fois qu’il neige, je me dis qu’en fait on vit dans une grosse boule transparente que quelqu’un a secoué pour voir des bouts de nuages froids se laisser tomber sur nos têtes. Alors forcément, je me demande ensuite si la personne qui s’amuse à nous regarder glisser à cause du verglas vit elle même dans un monde où il neige parfois, et est ce qu’il existe une force supérieure qui parvient à le secouer lui aussi à intervalles réguliers. Un monde dans un monde façon « Inception », ou comme dans ce générique des Simpsons où ils font un zoom arrière à travers les galaxies et les atomes, pour terminer sur les cheveux d’Homer qui rote.

Quand il neige, je me dis aussi que « Batman Returns » de Tim Burton était un putain de film quand même, par associations qui ne sont logiques que dans mon cerveau, où « flocons » rime avec « Oswald Copplebot sur un canard géant avec des mitraillettes ». Normal. Je repense aussi à ma cagoule bleue façon Fatal Bazooka que je détestais porter parce qu’elle me grattait les oreilles, enfin, c’est une excuse comme une autre pour éviter d’avoir l’air ridicule. Je me souviens du cul glacé à force de tomber sur la patinoire, de « Knights of the Round » en borne d’arcade et des dizaines de francs que j’ai claqué avant de perdre contre Garibaldi et son armure dorée trop énervante, du carrelage tellement froid que tu sens le moindre joint te déchirer l’épaule pendant une coupole.

Puis sans trop savoir pourquoi, je me retrouve au milieu de la forteresse de solitude de Kal-El, et il faut avouer que ça a une autre gueule que leurs bars de glace hype où le glaçon est à 30 euros. Le genre d’endroit où je pourrais vivre, peut être que je viens de Krypton moi aussi après tout. D’ailleurs si c’est le cas il serait temps que mes pouvoirs se manifestent, je dois aider un pote à déménager ce weekend. Et invariablement, c’est le moment que la pluie choisit pour tout effacer, faire fondre les images pour faire apparaître la réalité. Comme si la magie était condamnée à ne durer qu’un instant furtif, tant pis pour toi si tu l’as ratée. Et c’est surtout con parce que j’ai mis des baskets en daim aujourd’hui, elles vont souffrir. Foutu hiver.

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J’ai toujours aimé la magie. Parce que c’est le seul moment où tu as le droit d’être naïf, de ne pas te poser de questions et d’être émerveillé par un mensonge. Et depuis qu’on sait d’où viennent réellement les cadeaux sous le sapin, ces moments d’innocence sont plus que rares. Certes, on se dit toujours qu’il y a un truc, que le magicien fait tout pour détourner notre attention pour qu’on évite de regarder sa main inoccupée ou son complice camouflé par un mécanisme ingénieux, mais on s’en fout. Parce que dans le fond, ce n’est pas le tour en lui-même qui est important.

Connaître le secret, c’est admirer une technique longuement répétée, une imagination fertile et une mise en scène maîtrisée, c’est revenir à la réalité et perdre l’authenticité de la première réaction, c’est ôter tout ce que notre esprit est trop étroit pour contenir. C’est grandir, être conscient qu’un foulard ou un souci ne disparaît pas au fond d’une poche en un claquement de doigt, c’est comprendre qu’il y autre chose, plus raisonnable, moins mystérieux, plus froid. C’est envisager les détails dans un ensemble, salir l’instant présent et le plaisir immédiat, innocent. C’est refuser de s’évader de son quotidien, redouter de perdre ses repères, placer des mots lorsqu’il n’y en a pas besoin, chercher à tout prix une explication, pour tout. C’est renier le but premier de la magie, quelle qu’elle soit, qui est de nous faire oublier un instant qu’on mourra tous plus ou moins tôt, que la fin du mois approche, qu’on ne sait plus vraiment ce que nos amis deviennent, qu’on a tous commis des erreurs à un moment donné. C’est enfouir l’idée que peu importe ce que tu as fait lorsque je ne te connaissais pas, c’est ce que tu fais aujourd’hui et avec moi qui compte.

Il y a ceux qui choisissent de vivre dans l’illusion, qui lâchent prise et décident de rester coincés dans un rêve plus acceptable où le souvenir d’un steak est toujours présent et où les toupies ne tombent jamais, et puis il y a ceux qui osent regarder derrière le rideau, là où tout est moins confortable, là où les métaphores meurent. Ils disent que la vérité fera de nous des hommes libres, mais ils ont oublié de préciser qu’elle fera aussi de nous des hommes tristes. Alors s’il vous plaît, laissez-moi m’enivrer encore un peu de cette magie futile.

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