
Je suis comme tout le monde, je voudrais vivre dans Entourage. Pour des raisons évidentes que je n’ai pas besoin d’évoquer. Alors je me prends à rêver et à transposer chaque épisode sur mes péripéties quotidiennes, avec plus ou moins de succès d’ailleurs. Mais une chose est sure, et on est tous dans ce cas: dans ma bande de potes, personne ne veut être Drama. Personne ne veut être Vinnie non plus, malgré les avantages en nature non négligeables dont il jouit. Parce que trop de pression, tout repose sur ses épaules, le train de vie et de survie de l’équipe, les jours meilleurs et les promesses de cadeaux pharaoniques. Personne ne veut être E non plus, pas de charisme, pas de véritable aspérité qui accroche l’attention, pas de quoi être envieux sauf lorsque Sloan sourit en inclinant légèrement la tête. Et être Turtle, ce n’est pas gênant, mais pas un but ultime non plus. Et pourtant, comme tout le monde, nous sommes eux et ils sont nous.
Unis comme les doigts de la main, qui lorsqu’ils se serrent les coudes se transforment en un poing solidaire. Pouvant passer des heures dans un parking souterrain ou sur un banc comme les ados de 15 ans que nous avons toujours été, à refaire le monde et ses habitants. Une conférence sur BBM toujours ouverte, victime de messages peu soucieux de l’heure tardive, qu’importe le nombre de kilomètres ou le code de la route si tu es en train de conduire. Des frères de mères différentes, que mes parents considèrent comme leurs enfants adoptifs, une fratrie recomposée où chacun tient plus ou moins son rôle et où le mensonge et les apparences n’ont pas leur place. Une équipe où l’on a appris à deviner la souffrance derrière les vannes, les emplois du temps derrière les messages, les humeurs derrière les statuts. Pas besoin de faire semblant, apprivoiser les défauts de l’autre est devenu une seconde nature, et les non dits deviennent aussi révélateurs qu’un collabo sous le régime de Vichy. Des dialogues muets que les conjointes ne peuvent comprendre, celles qui ont dû être validées par la commission, qui ont dû supporter l’humour nostalgique sur le gilet jaune ou les Huaraches, et qui ont appris à ne pas s’inquiéter si le lit est encore vide à 2h du matin, on sait quand la discussion commence mais jamais où elle s’arrête.
Comme les 4 gamins du Queens on a des aspirations mais on a peur de l’échec, peur de se lancer mais aussi peur de réussir dans le fond, peur de ne pas être à la hauteur. Alors on cherche l’approbation de ceux qu’on respecte et s’ils sont fiers de moi, tu peux considérer que le but est atteint et au moindre mini succès, sois sûr que je leur ai réservé les meilleures places à côté de mon siège. En grandissant tu comprends un peu mieux ce que Shurik’N voulait dire, tu gardes leurs arrières et ils gardent les tiens, si tu pouvais tu leur offrirais des Ferraris, des studios d’enregistrement ou des weekends à New York et Tokyo pour faire un peu de shopping. En attendant de devenir ce qu’on aurait dû être et de brasser des millions, on met un point d’honneur à ne jamais rater les anniversaires, à se faire la bise le 31 décembre à minuit et à verser notre petite larme aux mariages et aux naissances. Si on pouvait on vivrait tous ensemble sous le même toit, sans vieillir, nos mères qui nous crient dessus en option, ne pas sentir le temps qui passe et les obligations d’adulte prendre le dessus, rester soudés pour mieux faire face. Avancer tous ensemble, être là pour les checker de l’épaule en les félicitant, trinquer aux diners improvisés, figer ces instants avant que le quotidien ne nous rattrape. Et toujours garder une chose à l’esprit: la vie change, pas les amis.
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