Les hommes de 40 ans achètent une Porsche, les hommes de ma génération achètent des Jordans. Et selon la génération, le modèle varie: les DA fan de street art ne jurent que par les I, les inconditionnels de new jack idolâtrent les III, tout le monde se fout des II, et les IV remportent l’adhésion d’une bonne partie des sneakerheads.
Mais pour moi, les Jordans VI ne sont pas qu’une paire de Jordan. Ce sont LES Jordans. Celles qui crystallisent l’esssence du joueur et symbolisent toute une collection. Celles que je n’ai jamais eues, que je désire depuis le mercredi et qui ont illuminé mon samedi. Respirer le nubuck délicat des VI, c’est retrouver l’odeur du désir inassouvi, l’adrénaline quand on volait le lace-lock rouge qui serre les lacets au Décathlon pour le mettre sur des Adidas Torsion, la collection de languettes et de systèmes Pump arrachés aux paires avant de les jeter à la poubelle au bout d’un an parce qu’un pied ça grandit vite, le papier glacé de 5 Majeur et de Mondial Basket. C’est remettre au goût du jour l’éternel débat Jordan vs Magic, s’inventer des exploits sportifs au stade municipal, penser à tirer la langue comme Michael quand on fait un double pas dans la raquette.
Oxmo Puccino disait que personne ne guérit de son enfance. Peut être. Mais rien ne nous empêche de la racheter.