Je saute d’une URL à l’autre, me faufile entre les mails, me cache derrière des silences pour éviter les messages trop nombreux et laisse mon cerveau éclater dans toutes les directions. L’écran chauffe, le dos me rappelle que je ne me tiens jamais droit et je compte inlassablement les posts que je n’ai pas pu faire. Les idées sont à l’étroit, les priorités se mélangent et je cours sans savoir derrière quoi. Et quand enfin je m’arrête pour prendre une longue inspiration, j’ai l’impression de recracher un bout de vie, batterie bientôt à plat, mets vite les doigts dans la prise. L’adrénaline court encore dans mes veines mais tout est calme autour de moi, je ne suis pas dans le bon rythme comme un manchot qui joue à Guitar hero avec des phalanges brisées. A la fin de la journée, détestable sensation d’avoir perdu du temps à ne rien faire, des onglets ouverts sur des paires hors de prix et des sites qui rabâchent tous la même chose, cycle quotidien immuable à la fois inutile et vital. La jambe s’agite et tremble sans cesse comme à Fukushima, le bracelet de la montre colle au poignet et le soleil te fait oublier que la nuit a déjà commencé. On cherche à se justifier comme on peut, après tout on se reposera quand on sera mort. Enfin, sauf si l’Enfer existe vraiment.
Une journée type comme une autre, quoi.