J’en veux à Michael Jackson. Pas pour le vide qu’il laisse derrière lui ou pour des raisons faussement dépressives, mais pour des raisons beaucoup plus simples. Je lui en veut d’être mort aujourd’hui parce que pour une fois que j’y avais pensé toute la semaine, que mes paragraphes étaient prêts en avance et que j’avais un thème précis, la plus grosse icône pop des 40 dernières années décide de se suicider* sans prévenir, et de me mettre en galère pour mon Edito de la fin de la semaine.
C’est vrai quoi, il aurait au moins pu donner des indices avant. Je veux dire, des indices plus évidents que des difficultés pour lever le bras et mettre un pied devant l’autre lors de sa conférence de presse londonienne. Ca fait 5 ans qu’il est dans cet état, comment est ce qu’on aurait pu deviner que c’était vraiment la fin lorsqu’il répétait « This is it« ? Ca m’aurait permis de me préparer un minimum, de réfléchir à des angles d’attaques et à des phrases pertinentes, et de peaufiner mon premier vrai texte triste qui aurait pu m’inscrire au panthéon des bloggers intelligents. Mais non. Obligé de taper à la va vite un texte que je ne voulais pas rédiger, et à cause duquel je risque de me prendre des cailloux.
Parce que le problème que pose la mort de Michael, c’est qu’il est impossible de ne pas en parler, et qu’il est encore plus compliqué de trouver le bon ton pour le faire. Pendant que Twitter détruit l’homme à coup de marteau pesant 140 caractères, la presse encense le chanteur avec des dossiers pesant 140 photos. Et personne pour trouver le juste milieu. Personne pour dire que MJ était un mythe, le plus grand artiste de notre génération et l’un des moteurs de la culture américaine, mais pour rappeler également que sans Quincy Jones il ne serait rien, qu’il avait de graves problèmes psychologiques et qu’il était instable. Qu’en bref, il était un homme, surdoué, talentueux et fragile. Et pour admettre que la mort a ce pouvoir de lessiver toutes les erreurs, et de rendre un artiste plus blanc que blanc.
Je ne tomberai pas dans la tristesse poliment hypocrite, dans le deuil généralisé et dangereux (cf la théorie du sentiment unique partagé par l’ensemble d’une population au même moment), dans la vanne qui se suffit à elle même (bon ça j’aimerai bien mais je trouve rien là), dans le procès du medecin qui aurait injecté trop de morphine ni dans la nécrologie célébrant le plus grand Homme que la Terre ait jamais porté (juste devant Jésus, seul autre personnage dont on ne sait s’il était noir ou blanc). Je dirai juste qu’il doit se sentir mieux et plus accepté désormais, que son oeuvre lui survit depuis près de 10 ans quoiqu’on en dise, et que tout a été dit et sera répété pendant des mois, avec surement plus de profondeur que moi. Sauf qu’eux, ils auront eu le temps de se préparer à l’avance.
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*Et si vous vous demandez pourquoi je parle de suicide, je l’imagine chez lui, assis, repensant aux répétitions de la veille où son moonwalk ne passait pas, où sa voix décrochait sur les notes trop hautes et son corps sur les mouvements trop bas. Je l’imagine penser à son public, attendant religieusement de voir le Sauveur, noir ou blanc selon sa conviction personnelle, et priant pour que la Pop originelle renaisse. Et j’imagine la pression qui a du s’abattre sur celui qui ne veut plus grandir depuis plus de 30 ans. La crainte de décevoir, de ruiner en 15 jours le travail de toute une vie, de se faire lapider par une foule qui ne réalise pas que son idole est morte depuis bien longtemps déjà et qu’elle ne lui a jamais appartenu. Une idole qui fait le choix de mourir pour fuir, rester éternellement le même et penser à lui pour la première fois.
On trouve la conclusion de ton texte mortelle et émouvante, tellement belle qu’on aurait aimé l’avoir écrite….
SALE POMPEUR!!! 😀
Pas besoin de lui en vouloir, j’ai trouvé que c’était un très bon édito! Alala la fameuse quête du juste milieu.. Ce qui est sur c’est qu’il laissera un gouffre énorme dans la culture pop, même si il était deja bien entamé!Quel sentiment bizarre en tout cas, ca parrait tellement irréel, comme l’a dit notre Jack Lang national, « on le croyait immortel » …
J’ai même des idées chelou qui me traversent la tête, du genre « a quoi ca sert de faire/écouter de la musique maintenant? ». Le comble pour un beatmaker…
PS : si j’étais son medecin personnel et que des rumeurs naissaient sur mon éventuelle implication, je partirai loooooooiiiiin moi aussi, parce que la moitié de la planète qui veut ma peau, non merci!!